09/01/2013

L'univers poétique de Teresa Garcia, par Serge Meurant



La maison oubliée, Le chemin perdu et La tempête sont trois films de Teresa Garcia qui puisent aux mêmes sources de l'inconscient. Il s'agit, en chacun d'eux, de retrouver le souvenir d'une maison, d'une enfance, d'un lieu. Pouvons-nous réaliser ce que j'appellerais un retour vers l'avant par les ressources qu'offre le cinéma. Est-il possible de restituer ce mouvement qui nous mène à l'origine ensevelie de nos émotions ? La forme du conte y atteint qui permet la métamorphose du quotidien: ce réalisme magique procéderait par illuminations, intuitions de lumières , de paysages désertiques ou de rêveries liées à la fascination des eaux. Chaque film revêt la forme d'une errance, d'un cheminement et d'une mise à l'épreuve du réel en ce qu'il contient d'indicible. Qu'il s'agisse de deux vagabonds, d'un enfant égaré dans la forêt, d'une jeune mère, ces personnages offrent dans  la simplicité de leurs actions une force tranquille qui soudain se verra bouleversée par une rencontre, un désir, l'apparition de signes, sédiments d'une mémoire ancienne.

Chaque film traduit l'expérience de ceux-ci en symbiose étroite avec la nature.

Le montage la rend présente en chaque instant, la magnifie et donne au spectateur le sentiment d'une parfaite perméabilité entre les hommes et les paysages. La musique et la bande sonore y contribuent, permettent de mieux écouter le silence du monde.

Parfois le spectateur se prend à croire qu'il s'agit d'un rêve éveillé où le temps s'arrête, effectue sur lui même une sorte de boucle, au rythme des champs, des vagues, de la lumière. La magie du cinéma n'est-elle pas toute entière contenue dans cette capacité de réinventer le temps ou du moins de le faire apparaître aussi souverainement ?
 
Serge Meurant
22 juillet 2012